La suite continue …

Nous avons quitté l’Ontario, et sommes passés dans le Manitoba et ses plaines… je pense que le terme plaine a été créé spécialement pour ces contrées : on peut voir à des dizaines de kms à la ronde, c’est plat, verdoyant… un peu monotone tout de même… Heureusement lors de nos déplacements nocturnes, nous avons eu la bonne surprise de voir un orignal, un renard et des biches (nocturnes : car ça y est, nous avons passé le cap de conduire pendant que les enfants dorment. Ceci pour notre survie et la leur : car après deux journées riches en kms avalées, nous hésitions entre les éliminer ou fuir avant qu’ils nous éliminent… au choix…)

Tiens pour le fun, une petite devinette : quel est le nom du lieu où nous avons dormi pour la dernière fois en Ontario ? Voici un indice (pour les non initiés, c’est le doudou de Merlin).

Le lendemain de ce bivouac façon camionneur (sur une station service donc) Bétina et Merlin se sont réveillés avec chacun le même œil tout gonflé. Pas une grande surprise pour nous, Merlin nous avait déjà fait le coup en Finlande : cela avait gonflé pendant trois jours puis plus rien. Donc son organisme connaissait déjà l’histoire, il a décidé de bien résister. Par contre pour Bétina c’était une première et voilà le résultat (âme sensible s’abstenir). Rassurez-vous depuis tout est rentré dans l’ordre !

 
Nous avons avalé les kms pour atteindre Winnipeg. C’est à ce moment que les enfants ont capoté, ils avaient faim, et pas une aire de pique nique ou un arrêt possible en vue. J’ai alors vu le panneau « bientôt Kenora » et sachant que Kenora était une ville et il y aurait plus de possibilités d’arrêt que dans les petites bourgades de trois maisons que nous avions traversé jusqu’alors, j’ai dit aux enfants que le Saint Graal était proche et qu’on allait bientôt s’arrêter déjeuner. Par acquis de conscience, on fait une petite vérification sur le GPS : 286 kms !!!!!! (deux cent quatre vingt six kms!!!! ce n’est pas une erreur de frappe) mais ce sont des grands malades ces canadiens ! C’est ce qu’ils appellent bientôt !

Finalement, quelques dizaines de kms plus loin, nous avons trouvé une aire assez fréquentée et attendue lol. Nous avons fait là bas la connaissance de Noé (originaire du Périgord) installé au Canada avec Sandy et leurs deux enfants. Ils partaient faire leur dernière saison de fruits et légumes à côté de Vancouver pour ensuite s’installer sur une terre qu’ils ont achetée dans les Laurentides (pas très loin de chez Donald et Hypolythe, pour ceux qui suivent ça doit être clair mdr) le monde est petit tout de même… on tachera de venir les saluer quand on sera dans les environs de Vancouver.

Enfin, Winnipeg ! Et là quelle déception : en toute honnêteté, c’est méga moche. De plus, on a mal calculé les distances (encore une fois!) et la plage tant attendue par les enfants s’est révélée trop loin. Alors on a repris la route : malgré la résistance de Nils, qui, du moment où nous l’avons mis dans son siège, n’a cessé de meugler « J’en ai maarrrrre, mamaaaaannn, j’en ai maaaaarrrrrre qu’on roule ». On a alors sorti toute la panoplie des activités possibles

• UNO : même pour Nils qui joue déjà très bien à la version pour petits !
• Autocollants, crayons,
• Docteur maboul – en camping car sur la Highway c’est du vice je sais…
• Dominos (non Nils tu ne peux pas mettre une pieuvre à côté d’un hypocampe… c’est là que la pieuvre a fait l’avion au fond du campin car, de rage…)

   

On rajoute les enseignements en tous genre (enfin c’est là que Sam a totalement foiré l’initiation à l’anglais des enfants. Il est vrai qu’on leur traduit pratiquement tout et Bétina mémorise très vite. Sam donc n’a pas pu résister et leur a le plus sérieusement du monde traduit winnipeg par ourson qui colle… misère…. pourvu que ça ne ressorte jamais lol !)

Nous avons même été jusqu’à repartir le lendemain matin à 6h, oui oui vous avez bien lu (il était prévu de partir plutôt à 5h30 mais non, là c’était vraiment trop dur, eh oh, la naturel n’est pas parti comme ça!). Direction Saskatoon : c’est là que nous avons eu notre pépin avec le camion et notre pare-brise. Le lendemain nous sommes allés à Speedy glass, et nous avons eu affaire à un type super, il nous a réparé ça en un tour de main. Ouf, pour une fois ça veut bien marcher du premier coup.

Maintenant que Bernard avait passé avec succès sa première visite médicale, nous sommes allés en direction de Manitou Lake car selon nos informations, il avait une densité quasi identique à la Mer morte : il nous fallait le vérifier. Et nous voilà partis depuis à peine une heure de notre Speedy Glass quand un Paaaaaaaaaa qui a foutu la trouille à tout le monde a retenti : un dodge nous a croisé au milieu d’une route tranquille sans rien, pas de trou, pas de bas côté pourri et un caillou venu de nulle part a été projeté sur notre pare-brise…. environ 5cm en dessous du premier impact, mais là énorme trou en étoile. Alors là je vais faire une ellipse et reprendre le récit des évènements un quart d’heure après l’instant T car je n’ai fait que jurer comme rarement cela m’était arrivé (et je vous passe l’état de Sam, les enfants ont bien compris qu’il fallait faire silence radio). Sérieux, on nous en veut ou quoi ???? Cette fois c’est irréparable : on attend des nouvelles de notre assurance, je vous le dis moi le Canada, leurs trucks, leurs highway toute pourrie, et leurs cailloux de daube, à ce moment là je les aurais tous atomisés ! Mais on est la famille desrev oui ou non ? on n’allait pas se laisser abattre : on a bien scotché au niveau de l’impact, et nous sommes allés barboter au Manitou Lake non mais !!! confirmation, on flotte dans 20cm d’eau (regardez comme Sam fait bien l’étoile de mer).

Sur la plage, nous avons fait la connaissance d’un homme qui nous a expliqué que non seulement l’eau était riche en oligo éléments etc… mais que le sable aussi était utilisé à des fins thérapeutiques (grâce à la présence de minuscules crevettes dont la carapace en décomposition avait des vertus sur la cicatrisation et les articulations). Après un après-midi trempette, château de sable, ramassage d’algues, nous nous sommes rendus à une soirée dont cet homme nous avait parlé. Cela avait lieu dans une salle de danse mythique. Nous nous y sommes rendus en ne sachant pas trop ce que nous allions y trouver.

C’était un bâtiment conçu en 1924 comme une dizaine d’autres sur le territoire canadien, il s’appelle DANCELAND. Sa particularité : la piste de danse immense en bois, de forme carrée, est posée sur des ressorts faits de crins de chevaux (le sol peut s’enfoncer de presque 4cm) et permet de donner du ressort aux  pas des danseurs. C’est la seule salle qui est toujours debout et fonctionne. Nous sommes carrément remontés dans le temps dans les années 50, une ambiance surannée : des petites lampes en papier, des toiles cirées rouges sur les tables, les petites lumières éclairant tout le tour de la piste… c’était magique… avec des participants qui avaient tous au moins 70 ans, un répertoire pratiquement inconnu pour nous, mais une soirée inoubliable! Les enfants ont dansé comme des fous. Bétina et Merlin ont même tenté de danser ENSEMBLE, c’était trop chouette de les voir. Les personnes présentes étaient ravies d’avoir des français de passage avec eux. Bref, en toute honnêteté, si nous avions su ce que c’était, nous n’y serions peut être pas allés et nous aurions loupé un moment unique. Le hasard des rencontres encore un fois fait bien les choses…

Après ce moment au temps suspendu, nous avons repris la route dans la nuit noire pendant que les enfants dormaient, direction Edmonton (capitale de l’Alberta). Nous avons emprunté des chemins de sable, des trous de malades, on se chauffe au tout terrain. Heureusement la pleine lune éclairait un peu le tout, mais à certains franchissements, j’ai eu franchement les chocottes que Bernard reste coincé… Le lendemain nous avons pris le parti de rouler un max, nous avons eu le plaisir de voir quelques chiens de prairies qui se hasardaient au bord de la route, et aussi une multitude de black bulls (nous sommes dans leur fief et on le sait!). C’était mercredi, et nous avons décidé que le mercredi c’était hamburger party ! Après avoir englouti un nombre incalculable de calories, graisses et sucres en tous genre, nous avons repris la route. Nous atteindrons Edmonton sûrement dans la nuit ou jeudi matin.

See you soon !

PS : si les lecteurs du blog pouvaient débloquer quelques chacras au niveau des cailloux qui volent en direction de Bernard, ça serait sympa… poupée vaudou aussi on prend… sortilège anti crevaison aussi tant qu’à faire…