LA PAZ

Nous ferons une halte au bord du lac pour notre première nuit en Bolivie. Les rives du lac sont ultra polluées, même si les enfants avaient envie de tremper leurs pieds, c’est niet, entre les canettes, les sacs et les culots de bouteilles de verre, non merci ! Nous ferons tout de même une petite balade en direction de la frontière qui était très agréable (non, promis, on ne retraverse pas !). Le lendemain nous partons tôt : nous avons de la route avant de rejoindre La Paz, et de plus nous devons prendre un bac. Nous arrivons sur la berge, des dizaines de bacs sont là, ça tourne à une vitesse de dingues. On nous fait des signes, on rentre sur le bac sans soucis, c’est après que ça s’est corsé… Il y avait beaucoup de vent, nous avons tangué…. beaucoup tangué : Sam était dehors et surveillait la houle, les enfants et moi étions dans Bernard. Et là j’ai connu mes pires 15mn de bâteau de ma vie ! J’ai cru à plusieurs reprises que nous allions chavirer, les enfants eux, criaient de plaisir “houahhhhh trop génial, c’est comme un manège”. Et bien moi ça ne m’a pas amusé du tout. Et Sam de me dire en revenant dans Bernard “et encore tu entends pas les lames de bois craquer” . Bouhhhh, au secours, je veux sortir d’ici.

Bien sûr nous sommes arrivés sans encombre mais promis, juré, on ne m’y reprendra pas !

Nous pensions rallier La Paz rapidement …. mouais… c’était sans compter non pas les bloqueos réputés de Bolivie (barrages à fin syndicale, nous les français nous sommes des petits joeurs à côté) MAIS une course cycliste ! X kms à se retrouver derrière la lanterne : on a même eu le temps de s’arrêter en bord de route pour manger et les rattraper par la suite mdr. Depuis notre arrivée (hormis le policier de la douane d’accord) nous nous sentons très bien ici. Les Boliviens sont dans la retenue, mais une fois la barrière passée, ils sont charmants.

Rejoindre notre point de chute pour la nuit sera cauchemardesque : j’ai trouvé que c’était le pire depuis le Mexique. Un dimanche, avec une foule de petits marchés posés n’importe où dans les ruelles en bloquant l’accès, la population impressionnante se baladant ont fait que nous avons mis presque une heure et demi pour arriver à bon port. C’est un hôtel tenu par un suisse Oberland : nous longeons un canyon dont les eaux ont érodé la roche et ont formé des cheminées de fées. Le portail de l’hôtel s’ouvre… et là, tiens donc, les Mistrals ! Nos au revoir sont toujours suivis de retrouvailles. Nous allons passer quelques jours à profiter de cette ville tentaculaire et impressionnante. C’est la capitale la plus haute au monde qui de son point le plus haut au plus bas, passe de 4000m à 3200m : prière de bien vérifier les freins s’il vous plait ! En arrivant , la ville paraît posée dans un cratère.

Après deux jours de repos (et une tartiflette plus tard, on est chez des suisses non mais oh !) nous irons faire un tour au musée des instruments. C’est un musée privé, créé par Ernesto Aramayo (célèbre joueur de charango). Des instruments pré-colombiens, des guitares, mandolines, charangos, maracas, instruments à vents démesurés, harpes andines de toute beauté. Et forcément, quand c’est très intéressant, on a plus de place sur les cartes mémoires de l’appareil photo et plus de batterie… Nous aurons été plus dubitatifs quant à la guitare à 5 manches, création d’Aramayo, on aurait aimé une démonstration lol. Ce qui a plu aux enfants c’était aussi la possibilité d’essayer des instruments comme bon leur semblait : un chouette moment autant pour les parents que les enfants. Les enfants ce jour là n’étaient pas réceptifs pour une autre visite, nous avons donc juste vu quelques oeuvres de Mamani Mamani. C’est un artiste colombien, proche du cubisme, qui fait des toiles très colorées qui m’ont beaucoup plu. Après plusieurs jours à glandouiller, nous avons repris la route pour Sajama. Nous sommes passés pour la première fois dans une station essence où nous avons été confrontés à notre premier prix “touriste”. En effet, ici en Bolivie, pour soit disant freiner le trafic de carburant (qui est beaucoup moins cher que dans les pays frontaliers Chili et Pérou) le carburant est facturé trois fois plus cher à tout possesseur de plaque étrangère. Ca c’est pas très bon pour le tourisme, ni pour notre moteur ; car non seulement le carburant est “cher” mais en plus il est pourri (additionné d’eau quand c’est pas pire…) On tentera bien de parlementer mais rien n’y fait. Il faut dire que dans les grandes villes, des caméras sont installées dans les stations et les pompistes n’ont pas trop le choix sans risquer de se faire santionner. On essaiera dans des petits villages, il paraît que c’est plus jouable.

Ca nous aura pris du temps cette affaire et nous avons comme projet d’enquiller les kms pour atteindre Sajama au plus tôt. On sort les activités pour les enfants, on est parés ! ohhhh rassurez-vous, nous n’aurons pas eu à les occuper longtemps… En effet, quelques kms après la sortie de La Paz,  un petit topes de rien du tout, et blannnnnggggg gros bruit sous Bernard. Samuel sort, sans beaucoup d’espoir quant à l’explication du fameux bruit : et bingo, notre lame de suspension, resoudée et renforcée au Pérou a cassé. Là j’avoue que mon moral est tombé en-dessous de la ligne de flottaison : je vois Sajama et le salar d’Uyuni s’éloigner… Sam vérifie que nous pouvons continuer à rouler le temps de trouver un garage, c’est le cas : nous ne sommes donc pas dans la pire des solutions… Un bolivien s’arrête en voyant nos warning et prend le temps de nous conseiller des garages : quelle gentillesse !

Commence donc la recherche de l’atelier qui pourra peut être nous fournir une lame, voire la faire venir du Chili ou d’Argentine : on sera baladés pendant plusieurs heures, conseillées par les locaux d’une amabilité incroyable, on affine les possibilités. Nous trouvons le coin des réparateurs de suspension (bien organisé tout ça comme dans toute l’Amérique du sud, y’a la rue des llanteras, la rue des muelles etc…)Sam commence à discuter avec celui qui paraît le plus à même de réparer. Les enfants ne réalisent pas trop l’importance de la lame dans la suite du voyage, et commencent à râler d’être baladés de mécanos en mécanos, se disputent, crient… Et là je ne sais pas pourquoi, mais mes larmes ont coulé devant tant d’incompréhension. Je leur ai exprimé toutes mes déceptions, mes inquiétudes pour la suite du voyage, le salar etc… Et là je peux vous dire que mon coeur de maman s’est regonflé instantanément. En quelques secondes, j’ai été entourée de tout l’amour dont nos lutins sont capables, ils me rassuraient, me disaient qu’on trouverait une solution, qu’on le verrait le salar etc… bref, la situation était inversée, les enfants étaient devenus consolateurs des parents.

Alors on a laissé le petit coup de calgon derrière nous, et on est repartis de plus belle. Samuel est un chef, je tiens à le dire : il est pro de l’espagnol mécanique maintenant ! Notre recherche de solutions va durer plusieurs jours. Et voilà notre jeu de piste :

  • Seule aternative, en faire fabriquer une ici en Bolivie par un constructeur national. Délai, trois semaines, la gorge se serre un peu… On prend rendez-vous pour le lundi (ah ben oui forcément demain on est dimanche, ça serait trop fastoche)

  • Nous rentrons à l’hôtel, et croisons un camion IVECO garé sur le bas-côté. Frein à main : Il ne sera pas dit que Sam ne saura pas où il trouve ses lames. Pas de bol ce n’est pas le même système de suspension, tant pis on aura essayé.

  • Retour à l’hôtel, Sam ne lâche pas l’affaire et trouve finalement le garage IVECO fantôme (que nous avons cherché pendant plusieurs heures, une vraie arlésienne).

  • Le concessionnaire IVECO, contacté par téléphone, nous propose d’en faire venir une du Chili ou en d’Argentine chouette ! Déception quelques jours plus tard, il n’en trouve pas…

  • Qu’à cela ne tienne, nous la ferons  venir d’Europe : gloups c’est 1 400 dollars, on oublie cette solution…

  • Le garagiste retombe sur la proposition initale, à savoir faire fabriquer, mais en passant par un ami, gros client dudit fabriquant de lames, pour réduire les délais.

Il aura bien fallu occuper les enfants durant ces deux semaines (et oui ça a pris du temps de trouver une solution et de faire fabriquer, même si le délai de fabrication en lui-même a été réduit à quelques jours). CNED à gogo, mousses au chocolat à la cafétéria, quelques ploufs dans la piscine de l’hôtel, deux séances ciné pour Bétina et Merlin et autant de séances peinture en solo pour Nils qui n’en revenait pas de ce temps “pour moi tout seul !” si rare depuis notre départ de France. Bétina aura initié des petits ateliers couture pour customiser les doudous qui auront un franc succès. Sans compter une cure de fromages et des vrais ! Car un suisse expatrié a eu la bonne idée de continuer à faire ici ce qu’il savait si bien faire là-bas !  Muuuuuuuchissima gracias senor !

Entre temps les Mistrals seront revenus de Sajama (les chameaux, ils en ont profité EUX et il paraît que c’est beau ! On ira nous aussi, c’est promis) Matisse sera un copain de jeux émérite. Nous verrons repartir les Mistrals de nouveau, direction le Salar d’Uyuni. Allez haut les coeurs ça sera notre tour un jour, prions pour que la saison des pluies soit un peu en retard et que le salar ne soit pas innondé (ce qui anéantirait notre rêve d’y aller avec Bernard… sans compter un éventuel passage au sud lipez).

Tous les employés ou quasi de l’hôtel et du restaurant auront été aux petits soins pour nos lutins : ils les ont taquinés, ont accepté que nos enfants les collent et les suivent dans leur travail, ils les ont même fait mettre la main à la pâte (Merlin et Nils devaient mettre un certain nombre de verres sur chaque table). Toutes les serveuses leur faisaient des grands sourires en les appelant par leurs prénoms, des clins d’oeil et des blagues, des leçons d’espagnol sur leur quotidien, des petits bonbons à la menthe glissés dans leurs poches, sans compter les casquettes offertes… bref vous l’aurez compris toute la gentillesse des boliviens a été là sous nos yeux, et nous les en remercions chaleureusement.

Deux semaines plus tard, nous avons nos lames (et oui finalement pour un meilleur équilibre, on en fait faire deux). Samuel a été un acharné, les heures passées auprès du garagiste ou au téléphone n’auront pas été comptées mais grâce à lui, notre Bernard peut reprendre la route. Alors les enfants c’est qui le champion ? C’est PAPA ! (oui enfin avec Walter le mécano et le fabricant un petit peu quand même… eux aussi n’ont pas compté leurs efforts, idées, bidouilles viva los mecanicos de Bolivia !)

On remplit le frigo, on fait une dernière lessive, une mousse au chocolat et c’est reparti pour la vadrouille : je suis sûre que les roues de Bernard fourmillent d’impatience autant que nos orteils. Les DESREV, c’est reparti !!!!

 

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