UYUNI ET SON SALAR

 

Nous avons fait bonne route entre Sucre et Uyuni : la nouvelle route y est pour beaucoup. Nous avons croisé des paysages agréables et tellement surprenants. Nous pouvions passer d’un désert à une oasis luxuriante. Uyuni par contre est des plus édifiantes, et pas forcément dans le bon sens du terme. Une ville perdue dans le désert, des rues quadrillées en terre battue, où les immondices déposés au milieu des carrefours forment d’étonnants rond-points, des sacs en plastique par milliers qui volent dans les rues crasseuses… On fait mieux pour être sous le charme… Notre première journée sera l’occasion de remplir les réservoirs de diesel, en vue de deux jours sur le Salar. Nous avions eu vent de difficultés d’approvisionnement, voire de refus de servir les étrangers, où alors au prix fort : notre expérience a été toute autre, un vrai coup de bol nous le verrons le lendemain. Le plein des deux réservoirs à un prix négocié plus qu’honorable et une demi heure après nous cherchions le bureau des guadaparque pour connaître l’état du Salar.

Mauvaise nouvelle : il a plus pas mal ces derniers jours, le salar est mouillé mais bonne nouvelle, il est tout de même  accessible avec prudence. Nous irons donc demain. Nous avons tenté de rejoindre le cimetière de trains pour un bivouac, mais la nuit tombait et le ciel menaçait… Et l’orage a éclaté, chariant avec lui une pluie diluvienne et continue, et ce, durant plusieurs heures. Notre moral est au plus bas : nous sentons bien que le salar va être innondé et cette fois inaccessible.  Le lendemain matin, retour chez les guadaparque : le verdict est sans appel, il nous sera peut être possible d’accéder à l’entrée du salar mais à peine jusqu’à l’hôtel de sel, et impossible de dormir sur place, le sol étant détrempé cela devient dangereux.

Gros coup dur, cet endroit nous faisait rêver depuis tellement longtemps. Nous prenons tout de même la décision d’y aller et tant pis si ce n’est que sur quelques kms, ce sera déjà mieux que rien, mais l’entrain ne fait plus partie du programme. Nous attaquons les 20kms de piste, de la vraie tôle ondulée qui nous fait vibrer comme un milk-shake. Voilà enfin l’entrée du salar, et c’est pire que ce que nous pensions. Des piscines énormes se sont formées de ci et de là, même les 4×4 des agences de voyage hésitent, cherchent  un passage. On le sent moyen avec nos 4,5 tonnes… Un bolivien charmant vient à notre rencontre et nous rassure un chouia : “si, si c’est possible de passer, je vais vous montrer par où mais ne vous trompez pas en revenant” et à la question sur l’état du désert de sel plus loin la réponse n’est pas engageante “attention, c’est risqué si vous dépassez l’hôtel de sel”.

Nous le suivrons au pas, comme bon nombre de 4×4, nous franchissons la zone et arrivons sur une portion de désert de sel très praticable et là… Houaaaaahhhh on y est les enfants ! C’est le désert, le désert blanc à perte de vue, 12 500 km² pour être précis. Une réverbération inimaginable, et donc port de lunettes de soleil impératif pour toute la famille. Nous atteignons l’hôtel de sel, typiquement le piège à touristes qu’on déteste. MAIS derrière, le salar n’est pas plus mouillé ! Allez on continue un brin, on verra bien si c’est trop risqué on fera demi-tour. Et là on est prend plein les mirettes. On se fait plaisir on s’arrêtant au milieu de rien pour faire quelques photos : on en a tellement rêvé ! Le sol est composé d’hexagones parfaits, du blanc à perte de vue, un ciel bleu comme on ne pourrait l’imaginer. Les lutins courent  sur cette immensité à en perdre haleine. Qu’est-ce qu’on est heureux !

Compte-tenu du peu de véhicules qui empruntent le salar, nous faisons plaisir aux enfants qui conduiront Bernardo chacun leur tour. Nous découvrirons que des trois, Nils est le conducteur le plus appliqué : consciencieux, il suivra comme un chef les quelques traces, seul repère pour ne pas nous perdre. Le sourire sera sur les lèvres de nos trois pilotes en herbe, avec passage de vitesse et freinage sur la pointe des pieds, un régal !

Nous tenterons d’aller sur l’île del Pescado où nous devrions trouver des cactus. Malheureusement, cette fois, la portion de salar est très détrempée, nous verrons deux motards que nous avions rencontré au départ, faire demi-tour pour la même raison. Ne tentons pas le diable, nous avons déjà eu la chance de pouvoir y accéder, faire tourner les roues de Bernardo dans cet endroit mythique, nous repartons le coeur et les yeux remplis de ce souvenir magique.

Nous croiserons aussi des ouvriers qui travaillent sur le salar… des ouvriers… devrais-je dire plutôt des bagnards. Pour décharger une tonne de sel, ils sont royalement payés 0,60 euros. Les conditions sont extremmes : pour se protéger de la brûlure du soleil ils portent un passe-montagne et des lunettes, sous un soleil de plomb, les mains parfois gantées étant plutôt plus souvent rongées par le sel. Au retour, nous avons quelque mal à retrouver le chemin, le soleil a fait son travail, les piscines sont un peu plus asséchées, les pistes invisibles. Heureusement, un 4×4 passera alors que nous sommes hésitants sur le chemin à prendre, nous le suivons pour quitter ce désert sans encombre.

En traversant un petit village sur le chemin d’Uyuni, nous recroisons le même bolivien qui voulait que nous lui fassions traverser le salar (mais compte tenu des conditions climatiques, nous savions que nous ne pouvions l’emmener à bon port). Il n’a pas trouvé de voiture et nous lui proposons de le ramener à Uyuni, à 20kms de là. Nous embarquons aussi par la même occasion, Betsa (et oui encore une !) Elle a la 40 aine et tentait aussi de traverser le salar pour vendre son artisanat. Il nous faut faire une halte pour nettoyer notre Bernardo, recouvert de sel ce qui pourrait être très embêtant pour la carrosserie et son moteur. Un petit tour à un lavado, mais là… une fois sur la rampe, une tempête se déchaîne ! Johnny (oui je sais ça fait pas très bolivien) et Betsa sont heureux d’être à l’abri dans Bernardo. Impossible de faire laver notre monture, la tempête fait rage et il n’y a plus d’électricité. Nous prenons donc le temps de préparer un café pour tout le monde, autant en profiter pour passer du bon temps ! Après une demi-heure, le courant n’est pas revenu : tant pis nous ferons laver le camping-car demain. Nous rejoignons Uyuni juste à temps pour déposer Betsa au terminal et nous inviterons Johnny à partager notre repas au restaurant la Loco pour déguster une délicieuse viande de lama. La soirée sera l’opportunité d’échanger sur nos pays respectifs, nos conceptions de la vie, nos croyances et nos rêves… Les au revoirs seront émouvants, chacun reprenant le cours de sa vie, mais chacun aussi plus riche de la connaissance de l’autre.

Après une nuit réparatrice, retour au ravitaillement d’essence pour affronter le sud-lipez. Et là, c’est pas la même paire de manche comme on dirait. Une file de 40 voitures pour l’essence, 25 camions et bus pour le diesel, et ….. et…. on attend le camion de ravitaillement… Chouette les enfants : on va pouvoir avoir le temps de faire l’école mdrrr. Une heure après, le camion est là, une heure plus tard, nous avons rempli les réservoirs au prix touriste (et oui, le chef est là et surveille, pas moyen de négocier le tarifs), remplis aussi les réservoirs d’eau (nous avons une autonomie de 3/4 jours) et le frigo a lui aussi fait le plein . Direction le sud lipez : on le sait, on va manger de la piste mais c’est pour aller voir des merveilles.

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire