Nous voulions dormir une nuit de plus au parque Alerces mais à la vue de la meute de touristes argentins ayant pris leurs quartiers dans les derniers campings gratuits du parc nous avons capitulé : on aime les rencontres, mais se retrouver à 10 dans 5 m2… bof, bof… Très proche du parc, nous avons trouvé Esquel à notre goût : pas trop grande, des commerces, et surtout la laguna Zeta ! Nous sommes arrivés en fin de journée sur la petite plage de sable, les deux ou trois dernière voitures présentes ne tardèrent pas à s’en aller… nous avions la lagune pour nous seuls ou presque : en effet, un camion argentin aménagé en camping-car a attiré notre attention. On se présente aux propriétaires et c’est ainsi que nous avons fait la connaissance d’Andréa, Mariano et leurs deux enfants Lazaro et Aixa : et que dire de cette rencontre sinon que pour le plaisir d’être ensembles, chacun de nous changera ses plans et que nous resterons trois jours sur place ! Mariano a tout aménagé lui-même : son camion est aussi son outil de travail, donc une fois les vacances terminées, hop il démonte la cellule et pose sa citerne pour retourner bosser. Nous nous sommes entendus à merveille. Ils offriront aux enfants une belle tranche de bonheur en leur proposant un tour en quad : d’ailleurs c’est décrété par lutinette et approuvé par le reste de la tribu, il faut acheter un quad ! Lol. Et que dire d’Andrea qui fera une manucure à notre fille : décorations faites main de petites fleurs en vernis… misère… il va falloir que je m’y colle dorénavant. Lazaro, Merlin et Nils désensableront la plage durant des heures, tandis qu’Aixa suivra Bétina dans ses activités comme son ombre : et donc ça fait du temps tranquille pour les parents à placoter et à déguster un vrai café (moulu par nos soins grâce à un petit moulin à main déniché il y a quelques temps, une trouvaille que nous ne regrettons pas une seconde, sachant que depuis l’équateur, les grandes surfaces ne nous proposent que des sacs de café moulu sucré !!!)
Nous avons d’autant plus apprécié cette pause à la lagune que les températures étaient très clémentes : 20 degrés au plus frais, 30 au plus chaud, un lac frisquet à souhait, le seul bruit des oiseaux au petit jour, des chevaux sauvages venant s’abrevoir au crépuscule, le reflet de la lune sur cette lagune paisible, à admirer ceci en compagnie de gens charmants, sans compter les fou rires et la complicité quasi instantanée… je pense que le bonheur doit ressembler à cela trait pour trait.
Il nous fallait pourtant nous quitter, eux partent pour deux semaines encore au Chili et de notre côté notre route est au sud. MAIS comme nous sommes chanceux, qu’ils sont originaires de la Terre de feu et qu’ils nous ont invité, nous ferons notre possible pour les revoir. Et voilà, seulement quelques kms après avoir quitté Esquel, la pampa et la chaleur écrasante se sont rappelées à notre bon souvenir … La route pour rallier la peninsula Valdes est longue et quelque peu monotone, deux jours de route quasi non stop et à nous la faune marine !
Je réalise que nous n’avons pas parlé d’une importante tradition locale. Depuis notre arrivée dans ce pays, nous étions supris de voir une majorité d’argentins avec dans une main un récipient muni d’une paille en métal, et de l’autre un thermos. Nous avons percé le secret très facilement : c’est le fameux maté, une infusion d’herbes plus ou moins fortes (enfin soyons honnêtes plutôt fortes qu’autre chose d’ailleurs…) On verse l’eau chaude, on déguste à la paille, et tout au long de la journée, on reverse de l’eau chaude sur le même mélange. Nous avions goûté celui de Mariana à San Juan (fuerte ! Et peu à notre goût, très herbeux et amer) avons ensuite tenté celui à la menthe (qui a fini dans l’évier) enfin notre choix s’est porté sur le “suave” aux arômes de citron… yeurk de yeurk… je capitule, seguro, no me gusta el mate … Tout cela pour dire que c’est amusant de voir à quel point cette tradition prend de la place : du promeneur ou passant qui a les deux mains prises, au chauffeur qui vient remplir son thermos dans les stations services, à des bornes spécifiques offrant de l’eau bouillante, aux bols de maté posés sur les comptoirs des magasins ou administrations, c’est omniprésent. Nous avons appris que plus au nord, comme en Uruguay, ils sont plus fans du maté glacé, à suivre…
Nous passerons ensuite une journée à la Digue Ameghino : ce sont des argentins qui nous en avaient parlé au parque Alerces. Ce sera l’occasion d’un bivouac tranquille, les enfants aux jeux, on alterne l’école et les réparations en tous genre.