PUERTO DESEADO

Les derniers jours de tension familiale (cause école surtout, genre on aurait très envie de tout laisser tomber et de les faire redoubler…) et les problèmes techniques accumulés font que le voyage est morose : les enfants sont pénibles au possible, nous avec une patience proche du néant, je vous l’dis c’est pas folichon chez les DESREV. On a même failli faire l’impasse du Puerto Desado, mais on avait vraiment besoin de repositiver et l’idée de voir les gorfous sauteurs nous a poussé aux fesses ! On arrive à Puerto Deseado et on file directement chez Darwin qui fait des expéditions sur la isla pour voir les gorfous. Petit coup de mou : il n’en font pas avant demain car pas d’autres clients que nous (et il faut être au moins 6…) Une alternative s’offre à nous, faire une balade de deux heures en bateau sur la ria (une ancienne rivière ‘rio’ qui a été asséchée et qui est remplie par de l’eau de mer par la suite). Bof, ça nous excite pas des masses, nous on veut voir les gorfous ! On se dit que crotte, on a le luxe du temps, on attendra après-demain. Et puis Puerto Deseado a une laverie, et une super boulangerie, pour les DESREV c’est bon signe et ça nous remonte le moral qui était au plus bas (qui a dit que nous étions obnubilés par la bouffe ? Mdr).

On se trouve un super bivouac en bord de ria : les enfants crapahutent, on a une vue superbe, pas de route, et pas de vent patagonien, le paradis ! Les couchers de soleil sont sublimes et nous pouvons observer à l’envie une colonie de lions de mer qui a pris ses quartiers sur un petit ilôt juste en face de nous. Le lendemain, choux blanc encore chez Darwin, il nous faut attendre encore deux jours pour espérer une expédition. Encore deux jours… on se dit, sans grande conviction, qu’on va aller faire un tour à la fête rurale (tout un programme) et bien c’était super chouette ! Nous avons assisté à une démonstration de regroupement de troupeaux par des chiens de berger : ils sont d’une intelligence incroyable, et les voir avancer et pousser le troupeau, s’accroupir pour “calmer” le troupeau et reprendre le travail jusqu’à ce que ces moutons soient dans l’enclos, a conquis toute la famille. Le berger expliquait au fur et à mesure ce qu’il demandait aux chiens, en fonction des coups de sifflet qu’il donnait (cela va jusqu’à isoler un certain nombre de moutons des autres, je me demande combien de temps il faut pour dresser ces animaux, mais que ce soit du côté du maître ou de l’animal, c’est un travail de titan). Les petits stands à l’intérieur n’étaient pas exceptionnels mais cela nous a fait sourire la proposition que nous avons reçue d’acheter un billet de tombola pour gagner…. un mouton ! (on serait pas dans la mouise tiens…) Sam et les enfants ne rentreront pas les mains vides, ayant succombé à l’appel du hot-dog local : à savoir une énorme saucisse de Mendoza grillé à souhait et glissée dans un pain frais, les morfales ! Je vous le dis, Puerto Deseado va peser lourd sur la balance.

Et ce soir là, comme beaucoup de soirs depuis, Merlin a pris les commandes du repas : il a été élu “chef de cuisson de la viande” et prend son rôle très à coeur. Il grandit beaucoup notre lutin depuis quelques temps, il prend confiance, est plus posé, de bonne volonté, et en demande constante d’autonomie : nous répondons favorablement à ce dernier point car il nous montre que nous pouvons avoir pleinement confiance en lui. On a le droit de dire quand on est émus devant les petits hommes que nos lutins deviennent ? Oui ? Alors on le dit, du plus profond de notre coeur de parents.

Enfin, au bout de 4 jours, hourrahhhh une excursion est prévue le lundi : Dani, un des guides de Darwin viendra même nous prévenir en soirée, en venant nous rejoindre à notre bivouac. Je le dis chez DARWIN, ils sont adorables ! Inutile de préciser qu’au matin, nous étions parés.

Nous embarquerons avec Sandra et ses trois enfants ainsi que Luis. Dès le départ, nous passerons avec plaisir devant une colinie de gaviotas (sterns)puis c’est direction l’île des gorfous qui est à 1h de navigation. Et au bout de quelques minutes, Dani fait des signes : un tonina, un dauphin de Comerson, très reconnaissable, blanc et noir est à portée de vue. Explosion de joie dans l’embarcation, ce tonina est accompagné d’un dauphin chileno (gris) ils joueront à quelques cm de nous, passant et repassant sous le bâteau, faisant la course. Un moment comme on les aime plus que tout…

Nous nous résignons à les quitter pour continuer la navigation. Nous accostons enfin sur lîle ; la plage est couverte de pingouins de Magellan. Dani nous donne les règles à suivre : on avance lentement pour ne pas les effrayer, on les contourne sans jamais traverser un groupe, on ne ramasse rien et bien sûr on fait très attention où on met les pieds pour ne pas écraser des oeufs. Nous ferons un petit casse-croûte à un mètre de ces volatiles. Nous nous rendons compte de ce moment magique.

Ensuite c’est parti pour la promenade : nous irons tout d’abord dans une colonie de lions de mer. Seulement des mâles non reproducteurs (soit des jeunots soit des vieillards). Là-aussi on suit les règles de promenade : en file indienne, sans bruit pour ne pas trop attirer l ‘attention. Les enfants seront irréprochables, nous sommes rudement fiers d’eux. Nous serons à quelques mètres de ces mastodontes , et je l’avoue,  j’ai eu les chocottes. J’avais beau savoir que n’ayant aucune fonction de reproduction, ils ne sont pas agressifs… euh quand même… Ensuite ce sera la traversée de cette petite île pour rejoindre les gorfous : ils sont là ! On étouffe nos cris de plaisir pour ne pas les effrayer et on avance lentement. Hallucinant de voir qu’en prenant son temps on peut se retrouver à quelques cm d’eux : et une carte mémoire remplie rien que par eux, une !  Alors gorfous sauteurs pourquoi ? Ben parce qu’ils sautent pardi ! avec parfois de jolies glissades qui nous ont ravis.

Ils sont d’une drôlerie incroyable et tellement photogéniques avec leurs cheveux ébouriffés, la petite pointe jaune égayant leur costume noir et blanc, et que dire de leurs yeux rouges ! Certains n’ont pas encore toutes leurs plumes “définitives” et cela fait un joli effet de boa duveteux. A ce propos, ils restent sur terre sans pouvoir aller dans l’eau pendant trois semaines  (le duvet n’est pas étanche) : ils ont donc fait des réserves de nourriture en prévision et arrivent ronds comme des ballons. Nous prendrons le goûter à leurs côtés, en nous pinçant presque de vivre ce moment. Dani sera notre puits de sciences en répondant aux questions de chacun (les enfants n’étant pas en reste). Nous serons tellement bien que Dani et le capitaine nous laisseront deux heures de plus au milieu de nos amis les gorfous : sincèrement nous avons rebroussé chemin presque à reculons pour ne pas perdre une miette de leur vie…

Il était temps de regagner le bâteau, les courants autour de l’île sont mauvais et nous devrons subir des secousses à décoller de notre siège, le temps de sortir de la zone dangereuse (ce qui a été peu au goût de Nils qui criait cette fois et pas de plaisir… ). Merlin me demande si nous repasserons par le coin du tonina : je lui réponds que nous avons déjà eu de la chance d’en voir un d’aussi près ce matin. Mais c’était sans compter le clou du spectacle de cette journée inoubliable : un cri du capitaine, une direction pointée et nous aperçevons un dauphin de Comerson… puis deux.. trois, quatre ! Une dizaine de ces joyeux lurrons sont à nos côtés, Bétina effleurera mêle l’un deux. Rien que voir son sourire quand elle s’est retournée vers nous en nous disant que c’était le plus beau jour de sa vie, vaut de l’or en barre. Et que dire de Merlin et Nils qui criaient dès que le dos de l’un d’eux affleurait, en sautant d’un côté à l’autre du bateau, sans faire réellement attention à ne pas passer par-dessus bord, tellement ils étaient heureux et excités (non, non la Nath n’a pas frôlé l’arrêt cardiaque… non non…) Nous ne savions plus où donner de la tête, tellement les dauphins sautaient jouaient et nous accompagnaient. Est-il possible de vivre autant d’émotions fortes en une journée ? La réponse est oui ! D’ailleurs en quittant les dauphins, Nils, épuisé par les émotions, le grand air, le crapahutage et les découvertes, réussira le tour de force de s’endormir contre moi. Jusqu’au ponton, nous resterons tous étrangement silencieux, comme pour maintenir encore un peu plus longtemps la magie de ces instants, les ressentis, les pensées que ces quelques heures ont gravé à jamais dans nos esprits. Nous remercions chaleureusement Dani ainsi que le Capitaine pour ces moments rares et intenses.

Nous continuerons la soirée en prenant en verre avec nos compagnons de la journée. Sandra et sa famille étant originaires de Buenos Aires, ils nous attendent de pied ferme quand nous passerons par la capitale : con mucho gusto (y ademas, Nils esta enamorado de Lucia y Cande !) Luis fera des photos des lutins au coucher de soleil, et je crois qu’il a réussi à capter les étoiles qui brillaient dans les yeux de nos enfants ce jour-là… Muchissima gracias Luis, nuestro companero de este dia inolvidable.

Il ya des soirs comme ceux -là, où, sitôt plongé sous les draps, chacun des membres DESREV s’est laissé glisser dans les songes avec bonheur et abandon…

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1 réponse à PUERTO DESEADO

  1. Mais que c’est bon de vous lire !
    Toujours, encore…
    Bon, on garde haut les coeurs et les esprits. Un voyage sans hic n’est pas un voyage.
    Bon Ok… ca fait pas mal de hic mais ramenés au nombre de jours sur place c’est que dalle !!

    des bises !

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