Mais bien sûr !!!! 5 heures de route pour arriver au bord du lac ! Mon œil.
Petite règle de conversion : 5 heures pour le Guatémaltèque ça fera donc 14 heures pour nous : et pas 14 heures de tout repos. De la piste, de la caillasse, des portions entières de routes emportées par les pluies, des pentes de la mort qui tue – en montée ou en descente au choix, le Guatemala est généreux de ce côté-là (non Gaëtanne, ne crie pas « maman ! » elle n’arrivera que dans quelques jours). Nous sommes les « seuls » à faire attention aux trous des routes, ou au franchissement des obstacles. Les camions avec n’importe quel chargement (pierres, vaches et j’en passe) nous doublent dans un nuage de poussière (et parfois se retrouvent bloqués quelques kilomètres plus loin). On aime devoir s’arrêter en côte derrière eux… Sans parler des collectivo (mini bus) qui ont sur leur toît des chargements des plus précaires et qui slaloment sans se poser de questions, no problemo amigo !!!
Nous traverserons aussi des hameaux insoupçonnés, dont les conditions de vie évoqueront pas mal de questions aux enfants. Les maisons sont maintenant en Adobe (terre crue).
Lors d’un arrêt pour un repas, nous serons assaillis par les enfants d’un village. Nos maisons roulantes sont une découverte pour eux et ils resteront à faire le guêt et à nous regarder manger. Certains ont crié rubio !!! rubio !!!! (blond) en voyant les enfants, les éclats de rire tentant de combler le fossé culturel et de mode de vie qui nous séparent. Nous leur montrerons sur une carte de quel pays nous venons. Nous en profiterons pour donner une paire de sandales devenues trop petites pour Nils (elles seront littéralement arrachées des mains de Sam) même combat pour les bonbons que j’ai distribué, c’était limite l’émeute.
Notre espagnol basique n’est pas le seul frein à la communication : nous avons l’impression d’être un objet de curiosité. Les adultes tapent sur le camping-car comme pour en tester la solidité et les enfants sont à l’affût du moindre bruit à l’intérieur et se ruent vers l’endroit d’où provient ledit bruit.
Nous sommes maintenant dans une région où les costumes locaux sont portés par la quasi totalité des habitants : les femmes arborent des jupes longues à pli avec des dessins géométriques sombres, et des chemisiers très colorés (souvent unis, mais avec des broderies). Sans mentir, plutôt que de faire remarquer que l’une d’entre elle est belle, nous optons pour ne signaler que celle qui ne l’est pas : elles ont TOUTES un charme fou !
Nous croisons des caballeros sur le bord de route avec leur «uniforme» : jean, chemise, bottes, chapeau à large bord, sac de toile sur le dos, sans oublier la machette.
Nouvelle épreuve pour les nerfs et nos montures : la traversée du village de Chichicastenango. Un cauchemar : nous resterons bloqués devant l’école. La rue est soit-disant à double sens mais les tuk-tuk stationnés et l’étroitesse de la rue fait que lorsque nous sommes au milieu de la rue et qu’un bus arrive ça coince ! Je pensais que le mexicain était un excité du volant, je m’incline devant le guatémaltèque qui doit avoir un klaxon greffé au bout des doigts : impossible de rester immobile plus de quelques secondes sans qu’une cacophonie de sonneries en tous genres agresse les oreilles. On avance pas, c’est bloqué, c’est pas grave, on klaxonne ! On s’en sort enfin pour se retrouver à passer sur le pont au-dessus de l’entrée du village (et dire que j’avais vu Charles et Gaëtanne y passer en frémissant, euh vous êtes sûr qu’on est obligés?).
Dur, dur pour les nerfs. Les enfants saturent de ces trois jours quasi non stop de route ; la tension est au max dans Bernard : les enfants s’écharpent, les parents s’énervent, crient hum hum… Nous irons même jusqu’à déplacer Nils pour qu’il ne soit en contact avec personne car nous craignons d’en faire de la chair à saucisse…
Le lac Atitlan est enfin devant nos yeux : enfin sous la couche de nuages de fin de journée. Vivement demain matin !