Voilà un autre lieu d’Argentine qui nous intriguait et nous appelait. Nous savions que les baleines franches australes étaient reparties depuis belle lurette avec leurs petits mais les pingouins de Magellan, les lions et éléphants de mer ainsi que les orques étaient à notre portée. Nous serons restés quelques jours : nous avouons que le fait que ce soit encore les vacances scolaires a un peu atténué notre plaisir. Aucune possibilité réelle de bivouacs nature : le point de bivouac connu et autorisé était rempli de camping-car ou campeurs argentins avec groupes électrogènes à gogos, musique à fond et j’en passe… nous nous sommes réfugiés à chaque nuité en-dehors de la plage à l’abri du vent. Nous avons eu aussi la désagréable surprise de voir que le tarif d’entrée était le double pour les étrangers que pour les nationaux, sans compter que le prix a subi une hausse carabinée (juste le double depuis un an et demi, gloups).
Nous commencerons notre découverte par les lions de mer : Nils à la fin de la journée décidera qu’il est un lion de mer, avec déplacement sur ses pattes antérieures dans l’allée de Bernardo, représentation des bagarres des mâles dominants et rugissement à la clé… tout un programme… La plage de la Punta Norte était recouverte des ces combattants à crinière et de leur multiples compagnes : chacun avec un harem pouvant comporter jusqu’à 14 femelles. Oh je vois que ça laisse songeurs certains mais attention les gars faut batailler dur pour garder sa suprématie ! – pour info, afin de ne pas perdre une femelle, les mâles peuvent rester jusqu’à 2 mois sans lâcher leurs épouses d’une semelle et donc… sans manger – Ah je sens que les candidats au harem s’amenuisent … sans compter que les luttes avec les jeunes mâles cherchant à détrôner les plus agés sont perpétuelles et violentes. Il fallait entendre ce vacarme de cris d’intimidation, de ces bagarres à grands coups de dents dans le cou (Merlin remarquera une bonne entaille sur le cou d’un des combattants, avec hemoglobine et tout et tout : Ouhhh ça peut être gore chez les lions de mer). Petit aparté, il ne faut pas avoir le nez délicat car toute cette tribu a une odeur forte qui fouette bien les narines !
Les fruits de ces amours insatiables avaient à peine un mois et demi car nés en décembre (Bétina était ravie de savoir que les lionceaux étaient du même mois qu’elle). Ils sont noirs et se déplacent gauchement sur le sable : ceux qui s’approchent de l’eau sont fermement ramenés sur la plage par leurs mères. Ett bien sûr que font-ils la plupart du temps? comme papa, la bagarre ! Nils s’esclaffait des baffes de nageoire qu’ils s’administrent avant de se jeter les uns sur les autres pour une sieste au soleil bien méritée.
Les orques, normalement, se repaissent des petits lionceaux imprudents, en venant les attaquer à quelques mètres de la plage : le “problème” est qu’à mi-février, les petits sont encore justement trop petits pour s’aventurer en mer, leurs mères ne leur
ayant encore même pas appris à nager ! Nous avons longuement discuté avec un des guadaparques qui nous a tout expliqué. Il nous a confirmé que si nous voyions un orque ce serait une chance phénoménale (et nous ne l’avons pas eue) ; le mieux étant mi-mars… Rendez-vous est pris pour nous, hors de question de faire l’impasse. Nous revenons à Valdès dans quelques semaines pour voir ces monstres à nos pieds et donner une seconde chance à Valdès, qui, sans la présence des orques (ou des baleines à la bonne saison)ne nous a pas conquis. A ce propos, si vous pouviez nous envoyer des ondes de chance, afin de contrer celles de notre lutinette ça serait sympa… En effet, notre amoureuse des animaux refuse que les orques croquent les lions de mer et souhaite de tout coeur qu’ils n’aient pas faim: la chaîne alimentaire ? Elle s’en contre-fiche ! Il est entendu que ses frères se sont vite ralliés à son point de vue, pffff les enfants DESREV n’assurent pas un cachou.
Bref, tout ça pour dire qu’il va falloir penser à nous bien fort, nous en appelons à votre participation active, à défaut de pouvoir compter sur nos propres enfants…
Le lendemain nous étions sur le pied de guerre pour aller voir les éléphants de mer : enfin le pied de guerre, c’est vite dit. En effet ces imposants animaux (leur taille peut atteindre 7m de long et 3,5 T – notre Bernardo en fait) sont des placides, je pense les plus fainéants des animaux marins. Il faut les voir échoués sur la plage, à ne pas bouger d’un mm, se dorant au soleil. Il faut leur rendre justice, il leur arrive parfois de lutter contre un autre mâle : mais alors c’est très fugace, ça ressemble plus à une chorégraphie du haut du corps et l’agressivité retombe comme un soufflé après quelques secondes : ouais ça fatigue les efforts… Je fais ma maline, mais je serais bien en peine de les suivre sous l’eau : chaque plongée, à 1 000m de profondeur peut durer 23 minutes. Alors eux, niveau amour, ils sont encore plus forts que les lions de mer : 100 femelles pour 1 mâle ! Elles nourrissent leurs petits pendant seulement les 19 premiers jours de leur vie, période durant laquelle elles perdent près de 40% de leur masse pondérale (crotte, j’ai du oublier de cocher cette case pour l’allaitement des miens…) quant aux “petits” leur poids augmente de 300%. Comme les éléphanteaux ne sont pas très regardants, ils se nourrissent auprès d’autres femelles : l’appel du ventre !
Ce sera ensuite le tour des manchots de Magellan, pas farouches pour un sou. Ils sont amusants à voir : si patauds sur terre ; mais alors quelle différence quand on les voit plonger dans l’eau, ressortir plusieurs mètres plus loin. Sans compter les sauts en dehors de l’eau, ce sont des flêches ! Les petits portent encore leur duvet mais la mue n’est pas loin, et sont tranquilles au bord de l’eau, à l’abri des humains. Les adultes, eux, viennent à nos pieds. Nous verrons combien certains visiteurs peuvent être bêtes à manger du foin en voyant des argentins leur jeter des bouts de pain et de gâteaux. Samuel ne tiendra pas et ira leur dire que c’est dangereux pour ces oiseaux et accessoirement interdit : la femme en question s’excusera en disant qu’elle leur en donne seulement “un tout petit peu”… C’est ça… et si tout le monde fait pareil on met en danger une population avec une alimentation qui ne leur convient pas ou les inciter à ne plus chasser pour se nourrir. Passons…
A ce propos, nous avons été aussi témoins d’une autre scène prouvant que lâcher des humains au milieu d’animaux “sauvages” revient à mettre ces animaux en danger, voire les humains. En effet, sur le parking de la Punta Norte, on trouve des tatous qui se baladent entre les voitures pour le plus grand plaisir des petits et des grands. MAIS certaines personnes oublient que cet animal n’est pas un animal de compagnie : et vas-y que je lance de la nourriture pour l’approcher plus (alors qu’il est déjà à à peine 1 mètre !) et je tente de le caresser etc… et ce qui devait arriver arriva… On entend un cri d’enfant, des pleurs… Une petite de l’âge de Bétina a été mordue au doigt : Samuel aura été témoin de la scène. Le tatou ne lâchait pas son doigt, dépité de ne pas avoir eu de nourriture et elle criant en agitant son bras, avec le tatou cramponné à l’aide de ses dents. Il aura bien fini par la lâcher avec comme blessure la pulpe du doigt arraché et un ongle complètement applati. Nous fournirons désinfectant et pansements et devant les demandes incessantes de la fillette, les parents sont partis à l’hôpital. Bien leur a pris : après en avoir discuté avec le guadaparque, il nous apprendra que ces animaux sont vecteurs de maladies endémiques qui peuvent être graves pour l’homme et qu’il faut de toutes façons aller à l’hôpital…
Finalement que ce soit au Canada où nous avons vu des touristes donner impunément à manger aux ours, les condamnant à une mort certaine (pas du fait de la nourriture, jusque que les animaux ne chassent plus étant habitués à faire les poubelles ou qu’on leur donne directement des restes, voire tués par les gardes qui jugent, à raison, qu’ils viennent trop près des habitations et qu’ils sont agressifs s’ils restent le ventre vide) ou bien ici et dans d’autres sites, la bêtise de l’homme peut être sans borne : oubliés le respect et la distance que nous devons à ces animaux, pour leur bien-être et leur sauvegarde.
La visite du petit centre d’interprétation de la Péninsule a été très instructive (ainsi que tous les panneaux jalonnant le parc qui sont très bien faits et informatifs) : d’ailleurs l’éco-centre qui se trouve à Puerto Madryn nous décevra par la suite ; nous n’avons pas appris plus de choses. En quittant le parc, nous aiderons une famille ayant perdu le contrôle de leur véhicule sur le mauvais ripio de la piste : sortie de route, pneus quasi déjantés et il a fallu regonfler tout ça. Heureusement que nous sommes passés par là : il commençait à être tard et grâce à notre matériel ils ont peu repartir une heure après !
Nous n’avons fait qu’un petit tour dans le village de Puerto Piramides : ici est concentré tout ce que l’on déteste. Du tourisme de masse, une plage bondée, et un coin pour les camping-car à déprimer… nous avons tout de même profité de passer par là pour prendre de l’eau et avoir une discussion très intéressante avec le gestionnaire de la petite station de désalinisation. Cette station a été construite il y a XXXX ans, quand le village ne comptait encore que 1000 habitants. Que dire des besoins actuels… afin d’offrir aux touristes de l’eau quasi courante, alors que nous sommes sur une péninsule, XXX camions apportent QUOTIDIENNEMENT XXX litres stockés dans les châteaux d’eau. Finalement nous ferons la découverte du mode de désalinasition : le responsable n’était pas avare d’explications et ravi de nous faire partager son lieu de travail.
Le jour du départ de Valdès nous ferons notre premier ensablage… venus voir une petite plage, nous nous sommes plantés bien comme il faut dans le chemin en tentant de la quitter. A n’y rien comprendre, à l’aller nous n’avions eu aucun soucis : mais il est vrai qu’entre temps un vent de fou s’était levé, charriant en un rien de temps du sable à profusion. C’est là que nous avons regretté de ne pas avoir de plaques… Le sable montait à vue d’oeil alors que Sam pelletait et qu’il tentait de reculer 10 cm par 10 cm avant d’être de nouveau bloqué. Il nous fallait nous dépêcher avant d’être dans l’impossibilité de ressortir. Une fois que nous avons retrouvé un terrain plus ferme, marche arrière, on prend l’élan et on fonce… j’ai bien eu peur qu’on ne se prenne le talus et que dire de Sam. Nous sommes passés vraiment limite, limite, mais ouf, nous avons pû quittter ce lieu et avons tracé pour rejoindre des pistes de ripio presque avec bonheur : plutôt ça que le sable ! A la vue du vent qui redoublait, on s’est dit qu’on avait été bien chanceux de ne pas rester coincés !
Nous continuons nos périgrinations, la terre de feu nous attire comme un aimant… et on prendrait presque encore plus notre temps pour le savourer d’autant…
D’accord avec vous pour regretter la bêtise des gens qui nourissent les animaux sauvages. A Iguazu une dame qui donnait à manger à un coati a aussi eu une bonne morsure (bien fait !!!).
Êtes-vous allés à Punto Tumbo voir la colonie de pingouins de Magellan. Il y en a des milliers qui sont un peu partout et les Zhumains qui se promènent sur des chemins balisés avec interdiction d’en sortir et si un pingouin passe eh bien vous le laissez passer … il est chez lui après tout !!!.