Retour sur notre malheureuse expérience aux alentours de Napa.
Nous cherchions de l’eau, et faisions choux blanc sur les stations services depuis un moment (d’habitude un robinet est toujours disponible et il nous permet de remplir nos réservoirs d’eau). Nous trouvons donc au bord d’un stade des wc avec robinet extérieur et une fontaine publique. En nous garant, nous croisons une femme d’un certain âge avec son chien. Sam vérifie que l’on peut brancher notre tuyau, retourne le camping car pour être du côté du réservoir à remplir : une fois la chose faite, il remballe tout. C’est la fin de journée, le soleil tombe très tôt, et il commence à faire nuit.
Je vois alors les phares d’une voiture à côté de nous : j’entends Sam qui parle en anglais à quelqu’un et là nous sommes tombés du côté obscur… Une voix d’homme à l’entrée du camping car qui demande s’il y a quelqu’un à l’intérieur, je me retourne et vois un policier. Il me crie quasi dessus en me demandant ce que nous faisons là ? Combien y a t il de personnes dans la voiture ? Je lui réponds mécaniquement 4, il m’ordonne de lui donner nos passeports. Je lui demande s’il y a un soucis, il ne me répond pas. Il paraît étonné qu’il y ait trois enfants à bord. Je lui demande de me dire ce qui se passe, il m’ordonne de me retourner et de rester assise, et que nous sommes suspectés d’avoir tenté d’entrer par effraction dans la maison attenante aux toilettes (baraque à frites)!
Je regarde par la fenêtre, et là le cauchemar : Sam a été menotté ! J’ai le cœur qui bat à 200 ; je confirme, aux states, on sort le flingue, on te met les menottes et si tu as de la chance, tu as ensuite le droit de t’expliquer.
J’entends Bétina dire à Merlin « regarde ils ont mis les menottes à papa ! » C’est du grand délire mais je n’ai aucune bouffée euphorique. Quatre flics entourent le véhicule et m’empêchent d’en sortir : ils me demandent si je parle anglais, si cet homme est mon mari et m’expliquent qu’ils viendront m’interroger après… Je ne comprends rien de rien.
Enfin, un policier vient : avant qu’il ne me demande quoique ce soit, je lui dis que je ne comprends pas, nous n’avons rien fait, nous avons seulement rempli nos réservoirs d’eau et je lui montre le robinet. Il prend un visage plus détendu et m’explique que quelqu’un leur a téléphoné pour les prévenir que l’on tentait de rentrer dans ce local par effraction – ce qui était arrivé il y a quelques semaines déjà (en fait c’est la mémère au chien qui a halluciné et les a prévenus, mais quelle c*****). L’atmosphère se détend un peu, je vois que Sam n’est plus menotté et discute avec les policiers. Celui qui est avec moi me demande d’où nous venons ? Et à mes réponses, il me rétorque que ce voyage est une super expérience.
Au final, ils s’excusent pour cette « incompréhension » je t’en foutrais… un véhicule repart, l’autre rejoint l’américaine. En nous quittant, les policiers nous ont souhaité un bon séjour en Californie, génial…
Voilà la conséquence de la situation américaine :
- des citoyens incités à faire de la délation (panneaux sur les routes, n’hésitez pas, au moindre doute, appelez la police ! un numéro disponible pour que tout le monde puisse faire enlever une voiture qui n’a pas payé son stationnement, ou signaler une voiture qui « fume » en roulant je précise etc…)
- l’insécurité des policiers dû au fait que chaque citoyen peut être en possession d’une arme à feu. Donc pas d’état d’âme, on fait usage de son arme à la moindre suspicion, on menotte et ensuite seulement on analyse la situation. Vu que 15 jours auparavant, la baraque à frites avait été fracturée, ils n’ont pas cherché à comprendre quoique ce soit, ils ont foncé bille en tête, ils sont partis du principe qu’on était les cambrioleurs.
- La mentalité « californienne » est celle que nous ont rapporté d’autres voyageurs : on a de l’argent alors surtout méfions-nous de tous ceux qui ne font pas partie de notre communauté.
Cette expérience nous a amené à une réflexion profonde sur le problème des armes à feu : d’un côté, sous couvert de liberté individuelle, tout le monde a le droit d’en posséder une, mais finalement la conséquence perverse est que l’on bafoue facilement le fondement des droits de l’homme qui est avant tout la liberté physique et morale.
Cerise sur le gâteau, le lendemain, nous étions tranquillement en train de pique-niquer : les garçons étaient dans l’herbe, devant les places de stationnement (je rappelle, nous étions dans un state park, peu de voitures et beaucoup d’espace) Nils veut revenir au camping car et traverse un peu vite : une voiture arrive doucement mais je sors pour dire à Nils qu’il aurait du regarder. Et là, trois rombières (qui n’étaient pas dans la fameuse voiture) approchent et me font la leçon, comme quoi les enfants ne doivent pas courir, que c’est dangereux, qu’il y a des règles à respecter etc… en fait les pauvres elles ont pris pour la vieille de la veille (promis j’adore les personnes âgées, mais là c’était trop). Je suis restée correcte, mais je les ai renvoyés dans leurs buts fermement et j’ai dit à Sam que je voulais quitter immédiatement cette région de dingues psychopathes, psychorigides etc… Sam lui était mort de rire dans Bernard : quand il a entendu les mémés me parler il savait que ça allait être leur fête lol, qu’est ce qu’il me connaît bien mon homme…
Bon on va pas généraliser, mais réellement nous sentons une nette différence de mentalité entre la Californie et le reste des états que nous avons traversé, et ce n’est pas dans le bon sens… We’ll see. Heureusement que nous avions rencontré Kim et Paul en arrivant en Californie, sinon nous aurions pu penser que tous étaient ainsi (le lac Tahoe ça doit pas vraiment être en Californie mdr). Kim and Paul, after this experience, we love you much mooooooooore.
PS : Désolée, aucune photo d’illustration, pas eu le temps….
