Nous arrivons en fin de journée dans la ville de Puerto Montt, nuit merdique sur le front de mer : même un lundi soir nous aurons droit à la visite de fans de techno à côté de Bernard entre 2h et 5h du matin. Je craque… enfin au moins je suis la seule que ça gêne, les autres membres DESREV dormant comme des bienheureux (quelle injustice). Le lendemain est chargé : lessive obligatoire car plus une chaussette à se mettre, courses, essence et filage en règle à Chiloé. Nous mettons même le réveil pour avoir le temps de tout faire (vue la nuit, je vous prie d’admirer ma motivation..). Nous trouvons que Puerto Montt, malgré ses 160 000 habitants, est tranquille et calme : nous passons devant des navires militaires qui portent de jolis fanions colorés, ils sont gais les militaires chiliens ! Nous prenons la direction du centre-ville et c’est tout de même étrangement calme… nous sentons qu’un truc cloche (oui je sais nous sommes longs à la détente) et oui bingooooo nous sommes le 21 mai, jour de la célébration de la bataille d’Iquique contre le Pérou et donc FERIE !!!! On aurait dû se dire que les militaires n’étaient pas du genre à mettre des décos sur leurs navires… Nous sommes maudits, ce n’est pas la première fois que ça nous arrive et pourtant nous ne nous décidons pas à y faire attention. Bref, c’est une journée de perdue, en tous les cas pas pour le CNED, les enfants travaillent d’arrache-pieds pour boucler les dernières semaines de l’année scolaire. C’était bien la peine de mettre le réveil…
C’est donc avec un jour de retard dans les prévisions (et une deuxième nuit pourrie, mais cette fois au son d’une musique latino, chouette ça change…) que nous prenons le bac pour l’Ile de Chiloé. Ici nous abordons comme un autre monde, le climat est breton (pardon pour les bretons, je devrais peut être dire français vu le temps de biiiiip que l’hexagone subit apparemment depuis plusieurs semaines…) les maisons de bois avec les tejuelas (toîts chilotes) les palafitos (maisons sur pilotis) ainsi que les églises de bois dont quelques unes sont classées au Patrimoine de l’Unesco : les couleurs sont passées, délavées par le vent et les pluies, les clochers sont tous uniques, et les petites plaques de bois en forme d’écaille les habillent d’un rien. Alors oui nous aurons un temps de grenouille, mais aussi heureusement des passages ensoleillés : Chiloé n’est que paysages verdoyants, des collines et des forêts denses avec bon nombre d’essences natives (le manio, le canelo etc…). Et puis il règne aussi ici une impression étrange, et quand on prend des renseignements sur la culture chilote, sorcellerie, bâteaux fantôme et gnomes sont légions, on se dit alors que ceci explique peut être cela.
L’ile étant petite nous prenons le parti d’aller directement au sud à Quellon, au bout de la Panaméricaine pour ensuite remonter doucement et profiter des joyaux de Chiloé. Jusqu’à Castro, les quelques villages traversés nous offriront des églises croquignolettes, quand la pluie nous laissera quelque répit. Castro sera pour nous un arrêt gastronomique, si nous ne mangeons pas de poisson et de fruits de mer ici ce ne sera jamais ! Au menu Curanto (mélange de moules géantes, coquillages et viandes : celui que nous avons mangé n’était pas exceptionnel et le mélange ne nous a pas conquis) Centolla (grosse araignée de mer) des filets de saumons à tomber par terre, sans compter le merlu frit délicieux et les papas rellenas aux mariscos (pomme de terre frit fourrée aux fruits de mer). Ok pas très diététique tout ça, et quelques heures pour digérer (on vous rassure on a pas mangé tout ça en un seul repas lol) mais on s’est vraiment régalés. Et nous ne pouvions quitter Castro sans profiter de la casa de thé sur un palafito, d’ailleurs nous irons deux fois tellement les patisseries étaients délicieuses.
En remontant sur Ancud, nous recevons un mail de nos amis Léa et Maxime : ils font du woofing dans la baie de Manao. On les rejoint pour un café et finalement le propriétaire de l’exploitation où ils travailllent, Patricio (Chilean Pepper) nous propose gentiment de venir bivouaquer dans le jardin de son ancienne maison. Ce sera l’occasion de découvrir son activité. Il est producteur de poivre provenant des baies de l’arbre Canelo et il produit aussi de la salicorne (sorte d’asperge qui est une algue en fait). Nous passerons une agréable soirée tous ensemble à discuter du Chili et de voyages forcément. Le lendemain, quel délice de se lever en sachant qu’on va prendre un petit-déjeuner dans une cabana avec des amis ! Tout ceci vous arrive en tête, jusqu’à ce que, vous dirigeant vers la salle de bains, votre délicat pied tout chaud sorti du lit, ne foule un tapis…. imbibé d’eau… Ouinnnn …. heureusement, contrairement à notre précédent dégât des eaux au Costa Rica (nous vous rassurons nous n’en avons connu que deux) cela nous arrive alors qu’il pleut toujours des cordes certes, MAIS avec un abri pour les lutins et le matériel des soutes. Sam passera la matinée à éponger, sécher, et tout ranger. Et oui il a plu toute la nuit, avec un vent latéral il y a eu une infiltration… Vous trouvez toujours ça cool les voyages en camping-car ?
Mis à part ce petit désagrément, nous passerons finalement deux jours pluvieux mais chaleureux avec nos amis, tout en finalisant le dernier envoi au CNED, tout le monde pousse un soupir de soulagement, les évaluations sont finies !!!!! En quittant Chiloé, petit passage à Puerto Montt pour poster lesdites évaluations (en slalomant entre les étudiants/manifestants et les lances à incendie de l’armée pour les calmer : moi je vous le dis nous allons quitter Puerto Montt sans regrets) Les étudiants se battent pour une scolarité gratuite et de qualité ; nous en avons un peu parlé avec Patricio. De son “temps” l’école et l’université étaient gratuites, ce n’est plus le cas, qui a dit que les pays évoluaient toujours dans le bon sens…
Maintenant que nous nous sommes décidés, nous pouvons annoncer notre prochaine étape : Rapa Nui (l’île de Pâques). Soyons francs, il va falloir casser notre petit cochon mais nous ne viendrons pas plus tard pour cette île spécialement, et nous sommes si proches alors vamos ! Nous découvrons des tarifs super intéressants pour les vols, mais il ne faut pas lambiner. Nous remercions donc ici publiquement les stations-service COPEC de la Panaméricaine Puerto Montt-Santiago, leur wifi pour booker nos vols et notre cabana sur Rapa Nui, ainsi que leurs aires de jeux et glaces pour récompenser nos lutins de leur patience sur les centaines de kms (sans oublier Monsieur Sony sur DS et les dessins animés Goldorak et Capitain Flamm …)
PS – En parlant de Bretagne, désormais, grâce à un gavage de Goldorak et Capitain Flamm, Nils s’est rangé à la majorité : fini les canons à bretons il a choisi les protons. Habitants d’Armorique, dormez à poings fermés…
RePS – J’avais oublié à quel point Vénuzia était godiche… de toutes façons je suis traumatisée d’avoir découvert à 40 ans le dernier épisode de Goldorak…